Demons and wonders in Rio de Janeiro / Démons et merveilles à Rio de Janeiro

English below.

 

Débarquant de l'hiver français à Rio de Janeiro, dans la chaleur de l'été austral, il aurait été très facile de se laisser charmer par cette ville et ses atouts.

 

Rien de moins compliqué que de s'habituer aux 36°C quotidien, à condition de ne pas oublier sa crème solaire, rien de plus plaisant que de goûter à tous ses fruits exotiques et aux délicieux jus que consomment en grande quantité les cariocas (nb : habitants de Rio). La cordialité des habitants de Rio n'est pas non plus une légende, et les regards directs et soutenus qui s'échangent dans les rues, dans les métros ou dans les bus n'ont rien de provocant. Ils reflètent bien la franchise et la saine curiosité qui animent les Brésiliens.

Sur les plages paradisiaques et célébrissimes de Copacabana et d'Ipanema, l'acceptation du corps défie les standards européens, et les brésiliens se montrent et s'acceptent plus facilement, qu'ils soient rendus beaux et bien proportionnés par des heures de sports et d'intenses efforts alimentaires, ou bien adipeux et fatigués, voire en net surpoids. Chacun s'assume tel qu'il est, et ceux qui cherchent à se transformer sont nombreux à parcourir à pied, en skateboard ou en vélo le moindre espace disponible des fronts de mer. 

 

Les monts qui entourent Rio de Janeiro ne manquent pas non plus d'attraits. Qu'ils soient surpeuplés de touristes brésiliens ou étrangers, dans des sites classés mondialement, ou bien étrangement tranquilles pour qui s'enfonce un peu plus dans la forêt, tous les lieux réputés que je visite ne font que renforcer le surnom d'une ville dont je ne suis pas le premier à faire l'éloge.

 

Mais Rio cidade maravilhosa, Rio la ville merveilleuse, car c'est ainsi qu'on l'appelle, a plusieurs facettes. Surement autant que de favelas. Le tentaculaire groupe médiatique brésilien O Globo en comptait 1071 en 2010. (source) Impossible de toutes les visiter bien sûr, impossible non plus en 16 jours de comprendre l'extrême complexité de cette multitude de communautés pour certaines reconnues, voire même prisées, et pour d'autres laissées dans l'ombre et la misère.

Mais il est évident que le diamant carioca a des facettes bien sales et irrégulières. Il n'est pas très difficile de se rendre compte qu'accroché sur les hauteurs de Rio, une fois passés les buildings des plus riches, et les banlieues en plein essor dédiées à la nouvelle classe moyenne brésilienne accro à la consommation à crédit, existe un monde de favelas ignoré, voire dédaigné de ceux qui n'y habitent pas. Et pourtant, aux dire des mes hôtes, les habitants des favelas représenteraient 20% des habitants de Rio ! Chauffeurs de taxis, employées de maison, balayeurs, livreurs, et j'en passe.

 

Eau "courante" assurée par les réservoirs d'eau posés sur les toits, tout à l'égout inexistant, électricité fonctionnant par à coups, le tableau n'est pas reluisant. Mais pourtant ceux qui y vivent et que j'ai pu rencontrer racontent que la situation est bien meilleure aujourd'hui qu'hier, et ils n'oublient pas de citer l'accès à la télévision et à internet comme autant de facteurs de la qualité de vie ! Quant à la violence de certaines favelas, aux trafics de drogues, aux actions de pacification entreprises par le gouvernement et à la corruption de la police, ils existent bien. Et parfois cette réalité peu plaisante rattrape les habitants des beaux quartiers de Rio, comme lors de cette fusillade entre membres de gang et policiers qui a eu lieu quelles minutes avant mon passage dans une rue de Botafogo.

 

Ces soubresauts de violence, comme les sans-abris qui dorment à demi vêtus ici ou là, rappellent à ceux qui feignent de l'ignorer que les disparités de la société brésilienne se retrouvent dans tout Rio, qu'elles soient fortes, profondément ancrées, et font partie de la carte postale.

 

 

 

Rio n'est pas merveilleuse, Rio n'est pas que merveilleuse. Le dire serait fermer les yeux sur trop de choses.

As I flew away from the French winter to the austral summer, I could have easily be charmed by this city and its assets.

 

There's nothing easier than getting used to the daily 36°C, provided you don't forget your sunscreen lotion. There's nothing more pleasant than tasting all its exotic fruits and the superb juices that the Cariocas – the inhabitants of Rio – drink. The friendliness of Rio's people is not a legend either, the bold looks they exchange in the streets, the underground and the buses are not in the least provocative. They reflect the frankness and plain curiosity which enlivens the Brazilians.

 

On the paradisiacal and more than famous beaches of Copacabana and Ipanema, how one accepts one's body is far beyond the reach of European standards. The Brazilians show off their bodies and seem to accept themselves more easily, be them beautiful and well-proportioned thanks to hours of sport and intense diet efforts, or be them adipose, tired or even clearly overweight. Everyone accepts their own bodies as they are, and those who seek to transform them are walking, skateboarding or cycling their way around the available spaces along the sea front.

 

Moreover, the hills that surround Rio de Janeiro are not deprived of relish: they are either peopled by Brazilian or foreign tourists in internationally rated sites, or surprisingly peaceful for those who want to sink deeper into the forest. All the places I've visited so far only reinforce the nickname of a city I'm not the only one to praise.

 

Nevertheless, Rio cidade maravilhosa, Rio the wonderful city – this is how it's called – has many sides to it, probably as numerous as the favelas. The sprawling Brazilian media group O Globo has counted 1071 favelas in 2010 (source). It's impossible to visit them all of course,

 

it's also impossible in only 16 days to grasp the utmost complexity of this multitude of communities, some of which are recognized and even very popular while others are left in the shade and poverty.

 

Obviously, the carioca diamond is also filthy and irregular. Once we've passed through the buildings of the richest and the developing suburbs dedicated to the new Brazilian middle-

class who is addicted to consumer credit, we can easily realise that there is a world of favelas 

 

hanging on the hills of Rio. Those who don't live there ignore it, even despise it. According to my hosts, the favelas people would represent 20% of Rio's inhabitants – its taxi drivers, domestic employees, sweepers, delivery men and so on. "Running" water is provided by water tanks at the top of the roofs, there is no sewerage, 

 

electricity works on and off, well the picture is not great. However, those who live there and 

 

that I've met told me that the situation is way better today than it was yesterday. They didn't forget to mention the access to the television and the internet as indicators of the quality of life! As regards violence in the favelas, drug traffics, actions of pacification from the government and police corruption, they all do exist. Sometimes, this unpleasant reality catches up on the inhabitants of the fashionable districts of Rio, just like during this gun shot between gang members and policemen which took place a few minutes before I walked by, in a street of Botafogo.

 

These episodes of violence, together with the homeless people sleeping half naked here or there, remind anyone who pretends to ignore it that the disparities of the Brazilian society can be found everywhere in Rio, that they are strong and deeply-rooted and are part of the postcard.

 

Rio is not wonderful, or rather, Rio is not only wonderful. To say it would be to close our eyes on too many things.

(translation by C. Maronne)