Salvador, We are Carnaval / Salvador, Nous sommes le Carnaval

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Salvador do Bahia !!

Rien que le nom de la ville sonne comme une promesse de découvertes.

Alors pour moi qui me plonge dans son carnaval et ses nuits réputées plus belles que ses jours, que de surprises à venir !

 

Ici pas de défilés d'écoles de samba comme à Rio. La majorité du carnaval se passe derrière des trios électricos : des camions surmontés de scènes et de sonos surpuissantes. Derrière ces trios, des espaces réservés aux personnes ayant payé leurs places sont délimités par des cordes : ce sont les blocos. Certains trios sont totalement libre d'accès, d´autres payants et très chers. Si l'on se contente de danser dans la rue sans intégrer de blocos, on "fait le pop corn" pour reprendre l'expression consacrée. Il existe également des manifestations plus "underground" au niveau musical, ou bien plus traditionnelles, comme la sortie officielle du très sélectif bloco d´origine africaine Ilé Aiyé. Salvador proposait cette année 7 circuits de carnaval possibles...Massa ! (Dingue !)

 

Voici pour les explications de base à la survie dans ce qui s´annonce comme une énorme fête de réputation mondiale.

Etalons maintenant quelques données chiffrées : on trouve 2 millions de personnes chaque année dans les rues de Salvador, et 85% des femmes interrogées se disent victimes d'attouchements sexuels durant cette période. 85% ?! Aïe. Le mythe de la fête idéale en prend un coup. (source) Ecartons ensuite le travail dissimulé des mineurs qui, entre autres, ramassent les déchets jetés à terre ou bien vendent des boissons sur des stands de fortune. Balayons d'une seule phrase la violence omniprésente allant de la simple insulte à l'agression caractérisée, et les conseils de prudence dispensés par tous mes contacts à mon égard avant ma participation aux festivités. Oublions la discrimination sociale et raciale flagrante observée aux abords des blocos. Ces chars musicaux défilent en effet suivis d'une meute de danseurs dont la blancheur de la peau est proportionnelle à la somme versée pour accéder aux espaces réservés. Evoquons enfin avec un demi-sourire le regard mi-amusé mi-incrédule des nombreux policiers brésiliens me voyant sortir ma caméra et filmer. Il n'est en effet pas très recommandé d'emmener autre chose qu'un peu d'espèces et une photocopie de son passeport. Vous avez toujours envie de faire la fête ?

 

Alors lançons-nous, le carnaval de Salvador a quand même certains atouts.

 

Impossible de ne pas apprécier l´allégresse gigantesque et démesurée tout d'abord, car il faut reconnaitre que l'ambiance musicale et la foule sont entraînantes, et pas qu'un peu, ceci sous le soleil ou la pluie tropicale battante, de jour comme de nuit. Décrivons ensuite rapidement les déguisements les plus loufoques et improbables, surtout le premier soir, allant de la simple couche-culotte aux costumes les plus complexes et colorées. Attardons-nous sur la liberté de moeurs pratiquée par certain(e)s, et la reconnaissance des communautés lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres, qui atteignent ici des sommets. Certaines de ces communautés ayant même leurs propres blocos. Dans un pays parfois très conservateur, c´est paradoxal. Soulignons la relative sobriété des Brésiliens face à l'alcool qui m'a assez marquée comparativement à la taille de l'événement pour que je l'évoque ici. Enfin toute relative...nous sommes d´accord : la bière coule à flot à des tarifs peu dissuasifs, mais elle est très légère, et les brésiliens s´enivrent plus de musique et de danse.

 

Dans cette incroyable furie passe ainsi une semaine, où je vis plus la nuit que le jour, dansant parfois sans voir passer les heures sous la pluie battante et les 30°C, en pleine nuit. Puis tout s´arrête du jour au lendemain. Finalement que retenir du Carnaval ?

 

Il y a toutes les caractéristiques de la société brésilienne dans cet événement, et Salvador en est le parfait reflet. Cela parait d'autant plus normal que l'engouement de toute la population est quasi unanime pour le carnaval, à de très rares exceptions près.

 

Au coeur du Carnaval de Salvador, chacun trouvera donc son bonheur, mais à la double condition de dépasser les sinistres détails évoqués plus haut, et d'accepter la promiscuité et les marées humaines envahissant les rues.

 

Pour ma part, et malgré les très agréables nuits passées à danser d'un pas chaloupé derrière les trios électricos, la magie du Carnaval de Salvador ne m'est totalement apparue que lors d'une coupure d'électricité provoquée par le char d'Ilé Yalé dans le quartier de Liberdade. A ce moment, les choeurs et les tambours enivrants ont chanté et battu encore plus fort, comme pour repousser toute la noirceur de la nuit et des sombres aspects du Carnaval. A ce moment là, tout faisait sens.

 

 

Salvador do Bahia !!

 

The mere sound of it is like a promise of discovery.

As for me who is going to dive into its carnival and its nights, famous for being more beautiful than its days, there are numerous surprises to come!

 

Here, there are no parades from the samba schools like in Rio. The main part of the carnival takes place behind the trios electricos, around vans supporting stages and super-powerful sound systems. Behind these trios stand the spaces reserved to those who have paid their tickets, surrounded by ropes: they are called blocos. Some trios are free, other are expensive. If you just stay in the streets dancing without entering any blocos, you "do the pop-corn", to use the expression coined for the situation. There are also some more "underground" shows as regards music, or much more traditional ones, like the official release of the highly selective bloco of African origins Ilé Aiyé. This year, Salavdor offered 7 different routes for the Carnival… Massa! (Crazy!)

 

Enough with the basic information about what is meant to be a huge party with a worldwide reputation.

 

Let me now give a few data: 2 million people walk the streets of Salvador each year, 85% of the females who were interviewed said they have suffered sexual assault during this period. 85%?! Ouch! The myth of the ideal party is an illusion. (sourceLet me then wipe away the underground labour of minor children who, among other stuff, pick up the trash left on the ground or sell drinks on handmade stalls. Let me sweep away with only one sentence the omnipresent violence which goes from the plain insult to the real assault – the reason why all of my contacts have advised me to be cautious before I took part in the Carnival. Let's forget the obvious social and racial discrimination that I observed around the blocos. The musical chariots which parade are followed by a herd of dancers: the whiteness of their skin is proportional to the amount of money they have spent to access the reserved spaces. Let me now talk – and with half a smile on my face – about the semi-amused semi-incredulous look of the Brazilian policemen who see me take my camera out and shoot. Indeed, it isn't very reasonable to bring anything else than a few bucks and a copy of your passport. Are you still willing to party?

 

Then, let's go, the Carnival of Salvador still has many qualities.

 

You can't help but appreciate the huge and unbounded enthusiasm at first, because one needs to acknowledge that the musical atmosphere and the crowd definitely make you feel in the mood, be it under the pouring rain or the shining sun, night or day. Then, let me describe briefly the weirdest and zaniest disguises, especially on the first night: it goes from a simple diaper to the most complex and coloured costumes. Let me deal with the freedom of manners that some are fond of, and the recognition of the lesbian, gay, bisexual and transgender communities, who reach summits here. Some of these communities even have their own blocos. This is paradoxical in a country that is sometimes very conservative. I wanted to emphasise something that caught my attention: the comparative sobriety of the Brazilians as concerns alcohol – at least it's worth noticing when you consider the size of this event. Well, it's very relative I admit it: the beer can't stop flowing and it's really cheap, but it's light and the Brazilians would rather get drunk on dancing and music.

 

In this incredible madness, a week has passed, where I've lived more during the night than during the day, sometimes without noticing the hours going by, under the pouring rain and the 30°C in the middle of the night. Then suddenly everything stops overnight. Eventually, what shall I remember from this Carnival?

 

All the characteristics of the Brazilian society are mixed during this event, and Salvador is a perfect reflection of it. It seems all the more normal than the people's enthusiasm for it is almost unanimous, there are only a few rare exceptions. Everyone will find their happiness at the heart of the Carnival of Salvador, provided they go beyond the dark details I dealt with earlier on and provided they accept the promiscuity and the human tides who invade the streets.

 

As for me, despite the very pleasant nights I spent dancing with a balanced step behind the trios electricos, the magic of the Carnival of Salvador has only appeared to me when the chariot of Ilé Yalé caused a power cut in the district of Liberdade. Then, the choir and the intoxicating drums sang and beat even stronger, as if to sweep away all the darkness of the night and the gloom aspects of the Carnival. That's when everything started making sense.