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Je ne pouvais pas y couper. L'heure est venue d'évoquer la musique ici à Natal, ville fondée un 25 décembre, comme son non l´indique à ceux qui parlent portugais. Pour les autres, Natal signifie Noël.
Omniprésente au Brésil comme dans beaucoup d'autres pays, la musique occupe toutefois une place de choix à la table des clichés que véhicule ce pays. En effet tout ne s'arrête pas avec la samba et le carnaval, même si bien sûr cette dernière reste l'ambassadrice numéro un du pays musicalement parlant, à égalité, peut-être, avec Gilberto Gil qui à défaut d'être ambassadeur fut aussi ministre.
Comme je ne rédige pas une thèse sur la musique au Brésil, je vous épargnerai la vaine tentative de lister l'ensemble des styles et courants musicaux existants dans le pays pour vous raconter simplement qu'à Natal, sixième ville de la Coupe du Monde que je découvre, j'ai pu assister à un concert de musique classique donné par l'orchestre de l'Université, à la première édition d'un festival rock and roll, à une soirée poésie organisée dans toute la ville, ainsi qu'à deux soirées aussi intéressantes qu'opposées et consacrées respectivement à la samba pagode et au forró. Vida dura, je vous épargne la traduction.
Ce sont ces deux dernières soirées qui ont le plus retenu mon attention. La pagode tout d'abord, pour son aspect très populaire et la simplicité même qui se dégage de cette samba. Lorsque l'on sait quelle complexité et quelle quête de la perfection peuvent atteindre les concours de samba du carnaval, voir les couches populaires brésiliennes danser au milieu de tables en plastique, sans artifice aucun sous la lumière crue des néons d'un vieux hangar du Natal downtown donne l'impression d'être hors du temps. Les musiciens regroupés autour de quelques tables forment une roda, et donnent parfois plus l'impression d'être en répétition qu'en concert. Le lieu insolite, l'ambiance familiale détendue, les gens souriants et l'humeur musicale nostalgique de cette samba se marient à merveille avec les lourdes pluies tropicales et la chaleur. Uma mais! (une autre)
Le forró quant à lui raconte une autre histoire. Inventé par les anglais, (music for all devenu forró) considéré comme musique traditionnelle rurale du nordeste et caractérisé par un rythme syncopé joué à l'accordéon, le forró vit depuis quelque temps une révolution et s'électrise, envahissant les night-clubs et les radios et faisant fureur auprès des 15-35 ans et des touristes, mais pas uniquement.
En conséquence, lorsque je souhaite me rendre dans un des lieux les plus branchés de Natal pour découvrir cette fièvre du forró, le Rastapé, il me faut passer par quelques démarches pour avoir l'autorisation de filmer à l'intérieur. Cela aura le mérite de m'exonérer du prix d'entrée, et me permettra de plonger dans une foule enivrée de bières et de caïpirinhas où la longueur des robes et des shorts féminins frôle l'illégalité et où les hommes tâchent de rester calmes. Cerise sur le gâteau, les hanches et le bassin des femmes tournent beaucoup plus que dans toute autre danse qu'il m'ait été donné de voir, traversée du continent africain incluse. A voir une fois dans sa vie. Autre monde, autres codes et autre ambiance que dans les rodas de samba, mais même passion et fièvre de la danse pour tous ces brésiliens et brésiliennes décidément habités par la musique.
I had to face it. The time has come to deal with music, here in Natal. The city was founded on a 25th of December. It's all in its name for those who speak Portuguese, for others, 'Natal' means Christmas.
Music is omnipresent in Brazil as in many other countries; nevertheless it has a special place in the field of clichés that Brazil transmits. Indeed, music goes beyond samba and the carnival, even though the latter is still the number one ambassador of the country as regards music – it may be on an equal footing with Gilberto Gil, who if not an ambassador, was also a minister.
As I am not writing an MA thesis on music in Brazil, I will spare you the useless attempt to list all the different styles and musical streams that exist throughout the country. I would rather tell you simply that in Natal – the 6th city of the World Cup that I am discovering – I had the chance to attend a classical music concert given by the College Orchestra, as well as the first edition of a rock'n'roll festival, a poetry show organised by the whole city, and two other evenings as interesting as diverse and dedicated respectively to samba pagode and forro.
Vida dura, I am not even going to translate this.
These two last evenings particularly caught my attention: the pagoda at first, for its popular aspect and the sobriety that come out of this samba. When you know how complex and always in search for perfection samba competitions in the carnival can become, to see lower-class Brazilians dance amidst plastic tables, without artifice under the whitish light of the neon of an old hangar in downtown Natal gives you a feeling of being out of time.
The musicians who gather around the few tables make a roda and sometimes give you the impression that they are rehearsing rather than performing. The unusual place, the relaxed family atmosphere, the smiling people and the nostalgic musical mood of this samba perfectly match the heavy tropical rains and the heat. Uma mais! (one more song!)
The forró tells another story. It was invented by the British ('music for all' became 'forró'), and is considered a rural traditional music from the nordeste. It is characterised by a syncope rhythm played on the accordion. The forró has been going through a revolution and is becoming electrified, now invading night clubs and radios, being very fashionable among the 15-35 and the tourists, but not only.
As a consequence, when I wished to head to one of the trendiest places of Natal to discover this forró fever, the Rastapé, I had to go through a series of measures to be allowed to shoot inside. At least, I didn't have to pay the entrance fee and it enabled me to dive into a beer-and-caipirinha-drunken crowd, where the length of women's dresses and shorts were close to illegality and where men were trying to remain calm. Cherry on the cake: the hips and basins of women span much faster than in any other dances that I ever watched, even when I was crossing Africa. This is a must-see once in a lifetime. It's another world, with other codes and another atmosphere than in samba rodas, but it's the same passion and fever of the dance for all these Brazilians who are definitely inhabited by music.