Fortaleza, beachs and (artificial) paradises / Fortaleza, plages et paradis (artificiels)

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Il fait très chaud quand j'arrive à Fortaleza, et l'endroit où je loge n'est pas vraiment à côté du stade. J'opte donc pour un peu de repos, dont j'ai grand besoin, plutôt qu'une après-midi de galère en minibus pour aller tourner 2 minutes aux abords d'un stade sûrement,  probablement ou vraisemblablement en cours de finition. A vous de choisir. Je m'offre donc quelques bières et 48h off.

 

Viennent ensuite les 7h de trajet jusqu'à Jericoacoara, village de 3000 âmes (sans les étrangers) aux rues ensablées qu'une amie et quelques copains fans de kitesurf décrivent  respectivement comme une mecque des voyageurs et un paradis des sports aquatiques.

Parmi les milliers de kilomètres de côtes qu'offre le Brésil et les centaines d'avis différents que vous donneront les Brésiliens si vous leur demandez quelle est la meilleure plage du pays, il n'a pas été facile de choisir. Toutes les destinations dont on m'a parlé étaient plus alléchantes les unes que les autres. Mais Jeri avait pour elle l'avantage d'être au milieu d'un parc national et en retrait du monde.

 

Je débarque donc dans Jericoacoara en pleine nuit, traversant en une heure le parc national de dunes de sable entourant le village sans le voir. Bravo le timing pour les vidéos ! Enfin, les paysages à couper le souffle seront toujours là demain...

Réveil à 8h, et pour se mettre dans le bain, 45 minutes de 4x4 pour aller passer la journée avec deux amies dans un lagon d'eau de pluie au milieu des dunes. Saisissant ! A midi, on se repose et l'on se restaure à l'ombre de cahutes de bois, les pieds dans un sable d'une blancheur étincelante. Des hamacs sont pendus au dessus de l'eau et je suis ici hors saison : l'endroit est désert, le pied!

 

Les jours suivants compteront kayak dans les vagues, randonnées sur la plage, baignade en piscine naturelle d'eau de mer, petits restaurants et couchers de soleil du haut de la dune surplombant le village. Jeri a vraiment tout du paradis touristique. Touristique, le mot est lâché. L'avantage de voyager en étant hébergé par des gens habitant sur place, c'est que l'on échappe aux nasses à touristes. L'inconvénient, c'est que l'envers du décors est rarement reluisant. Idéalistes s'abstenir, ou se tenir prêt !

Voici, en un cynique paragraphe, la somme de louanges entendues et bien souvent vérifiées sur Jericoacoara. Prix du mètre carré qui n'autorise que les investissements étrangers, employés payés aux lance-pierres et tarifs des hôtels prohibitifs, urbanisation sauvage,  existence d'une véritable mafia des professionnels des excursions en buggies, des leçons de sports nautiques, des restaurants et même des micros boutiques d'artisanat ou de rafraîchissements vendus à même la plage. Rien de bien différent d'autres destinations prisées en somme.


Un exemple à garder en souvenir ? Lorsque vous admirez le coucher de soleil sur le haut de la dune, on vient vous distribuer gentiment un petit bon de réduction pour l'une des pizzerias du coin, pendant qu'un cavalier monnaie quelques reais une photo couleurs locales à ses côtés. J'adore. L'utopie a vécu. Je suis en retard de 5, 10 ou 20 ans. A vous de choisir.

 

Le petit paradis de Jericoacoara est mort. C'est devenu un très beau spot pour vacanciers. Très agréable, toujours un peu difficile d'accès et encore un peu utopiste où les lignes électriques sont enterrées, mais déjà perverti. Le regard du vieux pêcheur que je croise, assis sur sa barque, porte toute la nostalgie d'une communauté qui a cru que s'ouvrir au tourisme lui épargnerait une vie de labeur, et qui contemple aujourd'hui son paradis perdu.

Fortaleza, capitale de l'état du Ceára, est aujourd´hui directement reliée par avion à Miami. Il ne reste qu'une heure de route non goudronnée et un petit cordon de dunes estampillé parc national pour protéger Jericoacoara, quelques temps encore, des investissements des plus grands groupes hôteliers. De Fortaleza à Jeri, des buggies ronflants parcourent déjà les 700 km de côtes sauvages en sursis...

It is really hot when I arrive in Fortaleza. The place where I stay is not very close to the stadium. I thus choose to take some much needed rest rather than to have a hard time on a bus trying to get around the stadium for two minutes, assuming it is certainly, probably or most likely – you choose – still being built. I reward myself with a few beers and 48 hours off.

 

I then spend 7 hours on a bus to Jericoacoara, a village with 3000 souls (without the foreigners), with streets full of sand, that a girl friend and some other friends, fans of kite surfing, respectively described as a Mecca for travellers and a paradise for water sports.

Among the thousands of kilometres of coasts offered by Brazil and the hundreds of different points of view that the Brazilians will give you if you ask them what the best beach of the country is, it was not easy to make up my mind. Each destination I was told about was more attractive than the other. The advantage of Jeri was that it was in the middle of a national park and isolated from the rest of the world.

 

I land in Jericoacoara in the middle of the night, passing in one hour through the national park with its sand dunes surrounding the city without seeing it. Well done for the video planning! Well, the mind blowing landscapes will still be there tomorrow…

I get up at 8, and to get in the mood I drive for 45 minutes in an SUV to spend the day with two girl friends in a rainwater lagoon in the middle of the dunes. Breathtaking! At noon, we rest and eat in the shade of wooden cabins, with our feet deep in the glowing-white sand. Some hammocks are hung over the water. I am here out of the season and the place is deserted: that is terrific!

 

The following days are rich with kayaking in the waves, hiking on the beach, swimming in natural sea-water pools, small restaurants and sunsets from the top of the dunes overtaking the village. Jeri really has everything of a tourist paradise. Tourist, I've said the word. The advantage of travelling and being hosted by local people is that I keep away from tourist traps. The drawback is that what is the behind the scenes is seldom shining. If you are an idealist, keep away or be ready!

 

In one cynic paragraph, here is the sum of all the praises I have heard, which are often true, about Jericoacoara. The price of the meter square is only affordable by foreign investors, employees are paid peanuts, hotel prices are outrageous, the urbanisation is wild, there is a real mafia among the professionals of buggy trips, water sport lessons, restaurants and even small craft shops or snacks on the beach. To sum it up, t is not very different from any other fashionable destinations.

 

What example can I remember? When you are admiring the sunset from the top of the dune, someone kindly comes to give you a discount coupon for one of the local pizzeria, while a horseman tries to sell you for a few reais a "typical" photography on his side. I love it. The utopia has lived out. I am 5, 10 or 20 years late. You choose.

 

The little paradise of Jericoacoara is dead. It has become a very nice holiday spot. It is very pleasant, always a little difficult to reach and still a little utopian; electric wires are buried, but it is already perverted. My eyes meet those of an old fisherman, sitting on his barque, who bears all the nostalgia of a community which thought that opening to tourism would spare them a hard working life, and who are now contemplating their paradise lost.

 

Fortaleza, the capital city of Ceára is now directly connected to Miami. There is only an hour left on a road with no tar, and a little lanyard of dunes stamped "national park" to protect Jericoacoara for a little while more, from the investments of the biggest hotel groups. From Fortaleza to Jeri, roaring buggies already drive the 700 km of wild coasts – well, wild for a while...