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São Paulo, dernière étape de mon périple à la découverte des douze villes hôtes de la Coupe du Monde FIFA au Brésil. São Paulo, capitale économique du pays, est une mégalopole de plus de 11 millions d'habitants. Fourmilière géante hyper-active, elle offre, parait-il, une diversité sociale et culturelle digne de New-York ou Londres.
Il est vrai qu'entre le quartier asiatique de Liberdade où vit la plus grande communauté de japonais et de descendants de japonais au monde (à l'exception du Japon bien sûr), le quartier italien de Mooca, le quartier juif de Bom Retiro ou bien encore la communauté libanaise, São Paulo est baignée d'influences diverses et riches, et je ne les cite pas toutes. Capitale économique du Brésil, elle fut aussi le théâtre en juin 2013, il y a un an, des plus spectaculaires manifestations anti Coupe du Monde que le pays ait connu.
Je commence ma découverte par visiter l'aéroport de São Paulo, où le service communication m'accompagne pour filmer le terminal numéro 3, celui là-même qui ne sera jamais fini avant le Mondial. Le terminal est vaste, presque inoccupé, et les derniers chantiers ont été dissimulés derrière des cloisons de contreplaqué. Rien d'alarmant pour les futurs touristes, mais j'imagine qu'on me tient sagement à l'écart du pire. A l'image de beaucoup d'autres villes hôtes du pays, et à l'image du stade que je visite aussi (photo), les chantiers ont été énormément retardés et les budgets ont dépassé toutes les prévisions. En soi, ceci n'a rien d'extraordinaire au Brésil, dans le domaine de la construction notamment, mais cette fois-ci les volumes financiers concernés et la date limite imposée par la FIFA font que cette habitude brésilienne se transforme en un véritable souci d'organisation, et plus encore, cela devient une flagrante démonstration des dysfonctionnements de la société brésilienne et de l'omniprésence de la corruption.
Il y a un an, alors que je n'étais pas encore au Brésil, l'augmentation du prix des tickets de transports en commun avait déclenché une vague de manifestations gigantesques au Brésil. Une très grande majorité de la population était massivement descendue dans la rue, clamant son ras-le-bol d'une sphère politique déconnectée de la vie quotidienne, de médias trop proches du pouvoir et des grandes entreprises privées, et plus globalement, d'une insatisfaction profonde du fonctionnement du pays. Aujourd'hui encore, de nombreuses manifestations ont lieu pour dénoncer la gestion de l'organisation de la Copa par le gouvernement, et lorsque l'opportunité d'assister à l'une d'elles se présente, je charge la caméra et rejoins la Praça de Sé, dans le centre de São Paulo.
Après avoir parcouru le centre ville, pratiquement désert le WE, je prends un peu de temps pour visiter la cathédrale qui marque le centre historique. Elle domine la Praça de Sé, où aura lieu le départ de la manifestation, de toute sa majesté. Le silence qui règne à l'intérieur est absolu et tranche avec le brouhaha qui envahit la place quelques heures plus tard. Tambours, mégaphones, la manifestation est lancée.
Sous la pluie et une petite quinzaine de degrés, les manifestants à ce moment là un petit millier, parcourront le centre ville jusqu'à l'extrémité de l'Avenida Paulista (photo), l'artère principale de São Paulo, obligeant les forces de l'ordre à bloquer la circulation sur leur passage. Relativement peu nombreux comparativement à l'ampleur des manifestations de l'année passée, certains portent cependant un équipement clairement destiné à l'affrontement : boucliers artisanaux, masques à gaz et casques. De plus, la très grande majorité de ceux qui occupent la tête du cortège défilent le visage masqué.
Les heures passent, les kilomètres aussi. Cette manifestation se déroule finalement sans violence et s'achève simplement avec quelques drapeaux brésiliens brûlés. La foule, qui a diminué, hurle des slogans contre le gouvernement, contre la FIFA et contre l'organisation de la Coupe du Monde en général. C'est un peu désordonné et il n'y a pas plus de 250 personnes dans le cortège à la fin de la procession. Soyons clair, si certaines manifestations ébranlent encore fortement le pays, et avec un nombre très important de manifestants, la cohésion nationale des manifestations de juin 2013 a disparu. J'ai le sentiment qu'aujourd'hui, la population brésilienne a baissé les bras. Chaque mouvement social semble mener ses propres actions, et l'engouement national n'est plus.
Les problèmes sociaux contre lesquels protestaient les Brésiliens persistent pourtant bel et bien, et certaines actions publiques font encore beaucoup parler d'elles, tant par leur nombre que par l'action des forces de l'ordre comme il y a quelques jours à Brasilia. (cf article) Cependant, à São Paulo, en ce samedi 24 mai, les manifestants semblaient dépassés par l'enjeu, et bien isolés. Et s'ils criaient tous ensembles "Não vai ter Copa" (Il n'y aura pas de Coupe), je crois qu'au fond, ils étaient résignés. La Copa aura bel et bien lieu au pays de la samba, malgré toute l'indignation légitime qu'elle a suscitée. La double question qui demeure est : de quelle manière et avec quelles conséquences pour le Brésil ?
São Paulo is the last of the twelve cities hosting the FIFA World Cup in Brazil. It is the economic capital of the country, and a megalopolis of over 11 million people. It is a giant hyperactive anthill that offers, as is said, a social and cultural diversity worthy of New York or London.
Indeed, between the Asian quarter of Liberdade where most of the Japanese communities and their descendants live (apart from Japan of course), the Italian quarter of Mooca, the Jewish quarter of Bom Retiro or even the Lebanese community, São Paulo is full of rich and diverse influences from everywhere, and I am not even naming them all. In June 2013, the economic capital was also the main stage for the most impressive anti-World Cup demonstrations the country had ever known.
I start my visit by São Paulo airport, where the communication service accompanies me to shoot Terminal 3, which is never going to be finished before the World Cup. The Terminal is large, almost unoccupied, and the last works are hidden behind plywood bulkheads. There is nothing alarming for future tourists, but I am assuming they are subtly keeping me away from the worst. Like many other host cities of the country, and like the stadium I also visit, the works have been tremendously delayed and the budgets have exceeded all expectations. As such, this is not extraordinary for Brazil in the field of buildings, but this time the financial budgets and the deadline imposed on by the FIFA make this Brazilian habit a real organization issue, and it even becomes a clear demonstration of the dysfunctions of Brazilian society and the omnipresence of corruption.
A year ago, I was not already in Brazil, the increase in the price of transportation tickets had triggered a massive wave of huge demonstrations in Brazil. A vast majority of people had taken to the streets, shouting how fed up they were of a political sphere disconnected from everyday life, of the media too close to power and private companies, and more generally, of a deep dissatisfaction as of how the country worked. Today, many protests are still taking place to denounce how the government deals with the Copa. When I get the chance to attend one of them, I load my video camera and I reach Praça de Sé, in the centre of São Paulo.
After walking across its city centre, almost desert during the weekend, I take some time to visit the cathedral in the historical centre. It is towering Praça de Sé with all its majesty, where the protest will start. Inside, the absolute silence contrasts with the hubbub that invades the place a few hours later. Drums, megaphones, the demonstration is on the go.
Under the rain and with fifteen degrees, the protesters – about a thousand at that moment – walk around the city centre towards the end of Avenida Paulista (photo), the main avenue in São Paulo, obliging police forces to stop the traffic before their passage. It is relatively small compared to the vastness of last year's demonstration. Some people are however wearing a gear designed for confrontation: artisanal shields, gas masks and helmets. In addition, the majority of those who lead the protest parade with their face covered.
Hours and kilometres pass by. This demonstration finally unrolls without any violence. It is a bit disorganized and there aren't more than 250 people at the end of the procession. Let us be clear: if some demonstrations still deeply move the country, with an important number of protesters, the national cohesion of the June 2013 demonstrations has disappeared. I have the feeling that today Brazilians have given up. Every social movement seems to lead its own actions, and the national enthusiasm does not exist anymore.
The social issued Brazilians were fighting against still exist though, and some public actions are still very notorious, because of their number and of the actions of police forces, like a few days ago in Brasilia (see this article). However, in São Paulo at the moment, this Saturday, May 24, the protesters seem to be outdistanced by the issue, and very isolated. Even if they were all shouting together "Não vai ter Copa" (There won't be any Cup), I think they were actually resigned. The Copa will take place anyways in the country of Samba, despite all the legitimate indignation it brought about. The twofold question that remains is: in what way and what will be consequences for Brazil?